De lourds nuages étaient suspendus dans le ciel et il faisait chaud, bien que la brise agitât les feuilles. On entendait tonner au loin, et des gouttes de pluie plaquaient la poussière sur la route. Les perroquets voletaient en tous sens en poussant des cris discordants, et un grand aigle était perché sur la plus haute branche d’un arbre, lissant ses plumes et regardant tous ces ébats au-dessous de lui. Un petit singe était assis sur une autre branche, et tous deux se surveillaient à distance prudente. Puis une corneille vint se poser près d’eux. Ayant achevé sa toilette matinale, l’aigle se tint immobile pendant un moment puis s’envola.
Sauf pour les humains, c’était une nouvelle journée ; rien ne ressemblait à hier. Les arbres et les perroquets n’étaient pas les mêmes ; l’herbe et les arbres avaient une qualité entièrement différente. Le souvenir d’hier ne fait qu’obscurcir aujourd’hui, et la comparaison empêche la perception. Que ces fleurs rouges et jaunes étaient belles ! La beauté n’appartient pas au temps. Nous portons nos fardeaux jour après jour, et il n’y a pas un jour qui ne porte l’ombre des innombrables hiers. Nos jours sont un mouvement continuel, hier se mêlant à aujourd’hui et à demain. Il n’y a jamais de fin. Nous avons peur de la fin ; mais sans la fin, comment peut venir le nouveau ? Sans la mort, comment peut naître la vie ? Et comme nous savons peu de choses de l’une et de l’autre !
J. Krishnamurti
Commentaires sur la vie Tome 1, Chapitre 80
La satisfaction