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Pour le comprendre, ce « moi » si subtil, il faut une intense curiosité, une lucidité constante et le sentiment de cette compréhension non accumulative



Krishnamurti. - Hier nous avons parlé de la peur et de la nécessité de se connaître. Je ne sais pas si nous saisissons l’importance qu’il y a à comprendre notre propre nature et notre structure. Comme nous l’avons dit, faute d’une compréhension autre qu’intellectuelle et verbale, une compréhension vraie, de ce que nous sommes, faute de pouvoir nous transcender, nous entretiendrons inévitablement en nous-mêmes une confusion et une contradiction, lesquelles à leur tour donneront naissance à des malheurs et des souffrances incalculables. Il est donc absolument essentiel de nous comprendre, non seulement superficiellement, mais dans notre être tout entier et dans ses recoins les plus cachés. Et j’espère que grâce à une vraie communication entre nous, en éclairant ensemble tout ce problème, nous pourrons voir, vraiment et non théoriquement, si par cette connaissance de soi l’esprit ne peut aller au-delà de son conditionnement, de ses habitudes, de ses préjugés et ainsi de suite.
Apprendre à se connaître : nous en avons parlé également, cela implique un mouvement non accumulatif. Quand il y a accumulation il n’y a plus de mouvement. Si la rivière se perd dans un lac, son courant s’y perd aussi. Il n’y a en elle de mouvement que lorsqu’elle coule, lorsque son courant est vigoureux.
Apprendre à se connaître, voilà ce que cela implique : apprendre non seulement les choses extérieures et scientifiques, mais surtout apprendre à se connaître soi-même parce que « soi-même » est une chose dynamique, subtile, qui change d’instant en instant.
Pour le connaître, les expériences passées ne nous seront d’aucun secours, au contraire le passé met fin à toute connaissance et par conséquent à toute action complète. J’espère que nous avons vu cela très clairement : nous observons un mouvement vivant et constamment mouvant, un mouvement qui est le « moi ».
Pour le comprendre, ce « moi » si subtil, il faut une intense curiosité, une lucidité constante et le sentiment de cette compréhension non accumulative.

L’impossible question. Page 131 et 132. Dialogue II. Editions Delachaux et Niestlé. 1988.



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