Krishnamurti. - Vous posez une question sur l’état de conscience qui est hors du temps ?
P. - Dans chaque individu, on peut distinguer l’action de l’élément masculin et de l’élément féminin. L’alchimiste voyait la nécessité d’une union, d’un équilibre. Est-ce valable selon vous ?
Kr. - Je crois qu’on peut l’éprouver en soi-même. J’ai souvent observé qu’en chacun de nous il y a des éléments masculins et féminins. Ou ils existent dans un état d’équilibre parfait, ou bien dans un état de déséquilibre. Quand existe cet équilibre complet entre le principe masculin et le principe féminin, alors l’organisme physique ne tombe jamais vraiment malade ; il peut y avoir maladie superficielle, mais profondément il n’y a alors pas de maladie propre à détruire l’organisme.
C’est probablement cela que les Anciens ont recherché. Ils ont identifié la chose avec le mercure et le mica, mâle et femelle, et par la méditation, l’étude, et peut-être par certaines médications, ils ont cherché à créer cette harmonie parfaite.
On peut très bien voir en soi-même l’action de ces deux principes se poursuivre. Quand l’un ou l’autre devient exagéré, le déséquilibre engendre la maladie ; non point des maux superficiels, mais la maladie dans les tréfonds de l’organisme.
Personnellement, j’ai remarqué en moi-même, dans différentes situations et sous différents climats, avec certaines personnes qui sont naturellement agressives et violentes que l’élément féminin est plus prononcé. Et cette prépondérance, un autre l’utilise alors pour s’affirmer. Et par contre, s’il y a trop de féminité ambiante, l’élément masculin ne devient pas agressif, mais se retire sans manifester aucune résistance.
Tradition et révolution. Pages 24 et 25. Chapître Alchimie et mutation. Editions Stock/Monde ouvert. 1978