Le moi est un problème que la pensée ne peut pas résoudre. Il faut pour cela une lucidité qui n’est pas du monde de la pensée. Percevoir les activités du moi sans condamner ni justifier, les percevoir suffit. Si vous percevez dans le but de trouver « comment » résoudre le problème, « comment » le transformer, vous êtes encore dans le champ du moi.
Tant que nous voulons un résultat, que ce soit par analyse ou par perception directe ou par l’examen de chaque pensée, nous sommes toujours dans le champ de la pensée, qui est celui du « moi », du « soi », de l’« ego », appelez-le comme vous voudrez. Tant que l’activité de l’esprit existe, il n’y a pas d’amour. Si l’amour existait, nous n’aurions pas de problèmes sociaux, mais l’amour n’est pas une chose qui se puisse acquérir.
L’esprit peut chercher à l’acquérir, à la façon d’une nouvelle idée, d’un nouvel objet, d’une nouvelle façon de penser, mais il ne peut pas être en état d’amour tant qu’il cherche à l’être. Tant qu’il cherche à être dans un état de non-avidité il est avide, n’est-ce pas ? De même, tant qu’il se discipline parce qu’il désire se trouver dans un état d’amour, il nie cet état.
Extrait de : « Penser cela peut-il résoudre nos problèmes. »
1953, La Première et Dernière Liberté