La maturité, c’est la destruction de la société, des structures psychologiques de la société. Si vous n’êtes pas totalement impitoyable envers vous-même, et parfaitement libre par rapport à la société, vous n’aurez jamais la maturité. Les structures sociales, les structures psychologiques de cupidité, de soumission - si vous n’êtes pas affranchi de tout cela psychologiquement, alors jamais vous ne pourrez mûrir. Et il vous faut un esprit mûr.
Et vous devez comprendre ceci : la maturité n’est pas affaire de temps. Si vous avez une vision claire et lucide, sans la moindre distorsion, des structures psychologiques de la société qui vous a vu naître, qui vous a formé, éduqué, alors, à la seconde où vos yeux s’ouvrent sur elle, vous lui échappez.
La maturité est donc l’affaire d’un instant et pas une question de temps. On ne mûrit pas petit à petit ; la maturité n’est pas comme le fruit sur l’arbre. Le fruit sur l’arbre a besoin, pour mûrir, de temps, d’obscurité, d’air pur, de soleil, de pluie ; et c’est grâce à ce processus qu’il mûrit, qu’il s’apprête à tomber. Mais la maturité n’est pas une question de mûrissement ; la maturité est l’affaire d’un instant.
De la vie et de la mort. Page 156. Bombay, le 7 mars 1962. Editions du Rocher.1994