S’enquérir et apprendre, telle est la fonction de l’esprit. Cela ne signifie pas, à mes yeux, cultiver simplement la mémoire ou accumuler des connaissances ; apprendre est la capacité de penser clairement, sainement et sans illusion, c’est se fonder sur des faits et non sur des croyances et des idéologies. On n’apprend rien, lorsque la pensée se fonde sur des conclusions. Acquérir simplement des informations ou des connaissances n’est pas apprendre. Apprendre, c’est aimer comprendre, c’est aimer faire une chose pour la chose elle-même. Apprendre n’est possible qu’en l’absence de toute contrainte. Et la contrainte a de multiples visages, n’est-ce pas ? Elle s’exerce à travers l’influence, à travers l’attachement ou la menace, à travers les encouragements persuasifs, les formes subtiles de récompense.
On croit généralement que la comparaison incite à apprendre, alors que c’est l’inverse qui est vrai. La comparaison donne lieu à des frustrations et ne fait qu’encourager une certaine forme de jalousie qu’on appelle la compétition. Comme d’autres formes de persuasion, la compétition empêche d’apprendre et engendre la peur.
Le Livre de la Méditation et de la vie. Livre de poche, p. 29.