K. : Une nuit, en Inde, je me suis réveillé ; j’ai regardé ma montre, il était minuit et quart. J’hésite à en parler tellement cela a l’air extravagant, mais la source de toute énergie avait été atteinte. Et l’effet sur le cerveau était extraordinaire. Physiquement aussi — excusez-moi de parler ainsi de moi-même — mais, voyez-vous, il n’existait littéralement plus aucune division, plus aucun sentiment du monde, du « moi ». Est-ce que vous me suivez ? Il ne restait que la sensation d’une formidable source d’énergie.
D.B. : Donc le cerveau était en contact avec cette source d’énergie ?
K. : Oui, et si je parle depuis soixante ans, c’est que je voudrais que d’autres y parviennent — non, il ne s’agit pas de parvenir. Est-ce que vous me comprenez ? Tous nos problèmes sont alors résolus. Parce que c’est l’énergie pure, de toute éternité. Comment puis-je — pas « moi », bien entendu — comment ne pas enseigner, aider, inciter — comment réussir à dire : « cette voie mène à une paix totale, à l’amour » ? Pardonnez-moi d’avoir recours à ces mots-là. Mais supposez que vous ayez atteint le point où votre cerveau lui-même en devient tout vibrant — comment feriez-vous pour aider les autres ? Vous comprenez ? Aider — pas débiter des mots. Comment aider les autres à accéder à cela ?
J. Krishnamurti
Le Temps Aboli
Les racines du conflit psychologique (p. 20-21)