La méditation est cette attention qui comporte une conscience globale et sans choix du mouvement de toute chose, le meuglement des vaches, la scie électrique mordant le bois, le tremblement des feuilles, le torrent bruyant, un garçon qui appelle, les sentiments, les motifs, les pensées se chassant l’une l’autre et, plus profondément, la perception de la totalité de la conscience. Et dans cette attention tout s’est calmé, immobilisé, aussi bien les tours et détours de la conscience que le temps d’hier se poursuivant dans l’espace de demain. Il est, dans cette immobilité, un mouvement non mesurable, non comparable ; mouvement sans être, c’est l’essence de la félicité, de la mort et de la vie. On ne peut le poursuivre, car étant immobile, sans mouvement, il ne laisse pas de trace ; il est l’essence de tout mouvement.
Carnets, p 97 Editions du Rocher