Qu’est-ce qui pourrait nous faire changer ? D’autres chocs ? D’autres catastrophes ? Des formes de gouvernement différentes ? Des images différentes ? D’autres idéaux ? Tout cela, vous l’avez largement expérimenté et pourtant vous n’avez pas changé. Plus notre éducation devient sophistiquée, plus nous devenons ‘ civilisés ’ – c’est-à-dire de plus en plus éloignés de la nature – plus nous devenons humains. Que faut-il faire dans ce cas ? Puisque rien d’extérieur à nous-mêmes ne viendra à notre secours – pas même les dieux –, il devient alors évident que je dois compter sur moi seul pour me connaître moi-même. Je dois avoir une vision lucide de ce que je suis et me transformer radicalement. De cette mutation jaillit alors le bien. Et une société juste peut alors se créer.
La condition indispensable est la méditation. Ce terme de méditation – comme celui d’amour – a été galvaudé, traîné dans la boue. Ce mot est pourtant si beau, si chargé de sens. Il a tant de beauté – pas dans le mot en soi mais dans le sens dont il est porteur. Nous allons vérifier nous-mêmes s’il nous est possible d’accéder à cet état où l’esprit est en perpétuelle méditation. Mais pour donner à cet esprit des bases solides, il faut comprendre ce que signifie l’existence – ce qu’il en est de la vie et de la mort. Comprendre la vie et la portée extraordinaire de la mort : c’est cela, la méditation, et non la quête de quelque expérience mystique intense, ni la répétition constante d’un chapelet de mots – si saints, si anciens ces mots-là soient-ils.
Cette lumière en nous :
la vraie méditation,
Éd. Stock,
1999