"Observez comment le plaisir prend naissance, regardez en vous-même. Quand vous possédez une voiture, vous en tirez un grand plaisir, de même quand vous possédez une maison, une femme, une vie sexuelle, de l’argent, une belle situation, quand vous êtes hautement respecté comme étant quelqu’un dans une société pourrie — ne riez pas, (...), voilà ce que vous êtes, voilà ce que vous désirez et, en riant, vous évitez de regarder les choses en face. C’est là la base de notre vie quotidienne : rechercher le plaisir et éviter la souffrance.
Ce plaisir peut être symbolisé, vous l’appellerez Dieu, la vérité, un idéal, un principe, et de là naîtra la lutte entre le plaisir et la souffrance. Il vous faut comprendre ce processus qui est très simple, cette manière de vivre qui est la vôtre et qui est causée par la pensée, cette pensée qui vient vous dire : « Cette expérience par laquelle j’ai passé hier, quel plaisir j’en ai ressenti ! Il faut qu’elle se reproduise » — la pensée. La pensée est une réaction de la mémoire et s’il n’y avait pas de mémoire, vous ne pourriez pas penser du tout. (...)
Existe-t-il une façon de vivre — laquelle est évidemment sensuelle, vous n’y pouvez rien — où la pensée ne fait pas de cette sensualité un objet de plaisir ? Existe-t-il une façon de vivre qui n’est pas cette poursuite du plaisir, sans pour cela en être le refus ou le déni ?
(...)
Est-il possible de vivre sans le temps et, par conséquent, sans les limites d’espace créées par la pensée ?"
Causerie donnée par Krishnamurti à Bombay, le 11 février 1968.