Pour être libre, il faut faire l’examen critique de l’autorité jusque dans ses structures, et mettre en pièces cette abomination. Pour cela, il faut de l’énergie - une énergie non seulement tangible, physique, mais aussi psychologique. Or cette énergie est gaspillée, détruite, lorsque nous sommes en conflit…C’est donc lorsque intervient la compréhension de tout ce processus du conflit intérieur, et qu’il cesse enfin, que l’énergie coule en abondance. Alors, on peut aller de l’avant, ayant abattu l’édifice bâti par l’homme au fil des siècles, et qui n’a pas le moindre sens.
Car en fait, détruire , c’est créer. Il faut détruire, non les bâtiments, ni le système économique et social - comme cela se fait quotidiennement - mais notre environnement psychologique, avec ses défenses conscientes et inconscientes, nos systèmes de sécurité individuels, forgés de façon rationnelle, tant au niveau profond que superficiel. Nous devons nous dépouiller de tout cela pour nous retrouver tout à fait sans défense, parce qu’il faut être sans défense pour éprouver de l’affection, pour aimer. Alors on voit et l’on comprend ce que sont l’ambition, l’autorité, et l’on commence à saisir dans quel cas et à quel niveau l’autorité est nécessaire - celle du policier suffit et rien de plus. Il n’y a plus alors d’autorité se fondant sur la connaissance, le savoir, l’aptitude, plus d’autorité liée à une fonction qui se mue en statut social. Pour comprendre l’autorité sous toutes ses formes - celle des gourous, des maîtres et des autres -, il faut avoir l’esprit très acéré, et un cerveau qui ne soit pas engourdi, mais lucide.
De la méditation et de la vie” . p 33