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Le savoir ne permet pas d’acheter la sagesse.



Il est curieux de voir l’importance que nous donnons aux mots imprimés, aux soi-disant livres sacrés. Les clercs, comme les laïcs, sont des phonographes ; ils se contentent de répéter, même si les textes ont été souvent changés. Ce qui les intéresse, c’est le savoir, les connaissances, et non la perception directe. La culture, le savoir, empêche la perception directe. Mais le savoir est un havre sûr, la chasse gardée de l’élite ; et comme les ignorants sont impressionnés par le savoir, le savant est respecté et honoré. Le savoir est un vice, un penchant comme la boisson ; le savoir ne conduit pas à la compréhension. On peut enseigner le savoir, mais pas la sagesse ; il faut être délivré du savoir pour que vienne la sagesse. Le savoir ne permet pas d’acheter la sagesse ; mais l’homme qui est entré dans le refuge du savoir ne s’aventure plus au dehors, car le mot nourrit sa pensée et penser le réconforte. Penser est un obstacle à la perception directe ; et il n’y a pas de sagesse sans perception directe. Le savoir, l’idée, la croyance, fait obstacle à la sagesse.
Un esprit absorbé n’est pas libre, spontané, et ce n’est que dans la spontanéité qu’il peut y avoir découverte. Un esprit absorbé est enfermé en soi-même ; il est inapprochable, invulnérable, et c’est là que réside sa sécurité. La pensée, de par sa structure même, isole le moi ; rien ne peut la rendre vulnérable. La pensée ne peut pas être spontanée, elle ne peut jamais être libre. La pensée est la continuation du passé, et ce qui continue ne peut être libre. Il n’y a liberté que dans la cessation.

Un esprit absorbé crée ce à quoi il travaille. Cela peut donner un char à boeufs ou un avion à réaction. Nous pouvons penser que nous sommes stupides, et nous sommes stupides. Nous pouvons penser que nous sommes Dieu, et nous sommes notre propre conception : « Je suis Cela. »

— Mais il est certainement préférable de s’occuper des choses de Dieu plutôt que des choses du monde, n’est-ce pas ?

Ce que nous pensons, nous le sommes ; mais c’est la compréhension du processus de la pensée qui est importante, et non ce à quoi nous pensons.

J. Krishnamurti
Commentaires sur la vie Tome 1, Chapitre 66



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