On a une idée, un symbole de soi, une image de soi, de ce qu’on devrait être, de ce qu’on est, ou de ce qu’on ne devrait pas être. Pourquoi crée-t-on une image au sujet de soi ? Parce qu’on n’a jamais étudié ce que l’on est, réellement. Nous pensons que nous devrions être ceci ou cela : l’idéal, le héros, l’exemple. Ce qui réveille la colère c’est que notre idéal, l’idée que nous avons de nous-même, est attaquée. Et notre idée à propos de nous-même est notre évasion du fait de ce que nous sommes.
Mais quand vous observez le fait réel de ce que vous êtes, rien ne peut vous blesser. Alors, si on est menteur et qu’on s’entend dire qu’on est menteur, cela ne signifie pas qu’on est blessé : c’est un fait. Mais, quand vous prétendez que vous n’êtes pas menteur et que vous entendez dire que vous l’êtes, alors vous êtes en colère, violent. Ainsi nous vivons toujours dans un monde idéal, un monde de mythes, et jamais dans le monde de la réalité. Pour observer ce qui est, pour le voir, être réellement familier avec cela, il ne doit y avoir aucun jugement, aucune évaluation, aucune opinion, aucune peur.
Oeuvres collectées, Vol. XII - 246