Si l’on ne comprend pas le mécanisme du conflit et ce qui le provoque, à quoi sert de supprimer ou de sublimer le conflit, de lui trouver un substitut ? Vous pouvez supprimer une maladie, mais elle se manifestera de nouveau sous une autre forme. La volonté elle-même est le conflit, elle est la conséquence du conflit ; la volonté est intentionnelle, elle est un désir dirigé. Si l’on ne comprend pas le processus du désir, le contrôle ne peut que susciter de nouveaux désirs, de nouvelles souffrances.
Le contrôle est une évasion. Vous pouvez contrôler un enfant ou un problème, mais cela ne vous amène pas à les comprendre pour autant. Comprendre est beaucoup plus important que d’atteindre un but.
L’action de la volonté est destructrice, car l’action en vue d’un but enferme le moi en lui-même, elle sépare, elle isole. Vous ne pouvez pas faire taire le conflit, le désir, car celui qui fait l’effort est lui-même le produit du conflit, du désir. Le penseur et sa pensée sont la conséquence du désir ; et s’il ne comprend pas le désir, qui est le moi, à quelque niveau, très haut ou très bas, qu’il soit situé, l’esprit est prisonnier de l’ignorance.
La voie du suprême ne se réalise pas par la volonté, par le désir. Le suprême ne peut venir en existence que lorsque celui qui fait l’effort n’est pas. C’est la volonté qui engendre le conflit, le désir de devenir ou d’atteindre le suprême. Lorsque l’esprit, dont l’édifice ne tient que par le désir, cesse sans l’intervention de l’effort, alors dans cette immobilité, qui n est pas un but, la réalité paraît."
Krishnamurti - Commentaire sur la vie - Tome 1 - Chapitre 78