Dès l’instant où vous vous rendez compte qu’il n’existe aucune méthode, aucun système, aucun mantram, aucun instructeur, rien au monde qui puisse vous aider à être silencieux ; quand vous voyez cette vérité, que seul l’esprit silencieux est capable de voir, alors de lui-même il le devient. C’est comme quand on voit un danger et qu’on l’évite ; de la même façon, quand on voit que l’esprit doit être complètement silencieux, il l’est.
Maintenant la qualité de ce silence a de l’importance. Un très petit esprit peut être très calme, il dispose d’un petit espace au sein duquel il peut l’être ; mais ce petit esprit avec son petit calme est la chose la plus mortellement pernicieuse qui soit - vous savez ce que c’est. Tandis qu’un esprit dont l’espace est sans limite possède ce calme, ce silence, il n’y a pour lui aucun centre, aucun « moi », aucun « observateur », il est entièrement différent. Dans un tel silence il n’y a pas d’« observateur » du tout ; une telle qualité de silence règne sur un vaste espace, il est activité intense, il n’a pas de frontière ; et l’activité de ce silence diffère en tous points d’une activité centrée sur elle-même.
Si votre esprit a parcouru cette distance (et elle n’est pas tellement considérable parce que la « chose » est toujours là si vous savez comment regarder), alors peut-être que cette chose recherchée par l’homme à travers les siècles, Dieu, la vérité, l’incommensurable, cette chose qu’on ne peut pas nommer, cette chose qui est au-delà du temps, elle est là - sans que vous l’ayez invitée, elle est là. Un tel homme est véritablement béni, pour lui il y a vérité et extase.
Le vol de l’aigle -
Méditation, chapitre 3, Londres, 23 mars 1969 (p. 67-68)