Il dit qu’il avait beaucoup lu et vous pouviez voir, d’après sa bibliothèque, qu’il possédait les livres les plus récents. Il parla de spiritualité mystique et de la folle passion pour les drogues qui se répandait dans tout le pays. C’était un homme riche et qui avait réussi, mais tout cela était creux et il y avait en lui le vide que ne comblent jamais les livres, les tableaux ou la connaissance des affaires.
C’était cela, la tristesse de la vie - c’est ce vide que nous essayons de remplir par tous les artifices auxquels nous pouvons penser. Mais ce vide demeure. Sa désolation est le vain effort de posséder. Cette tentative aboutit à l’esprit de domination, et à l’affirmation du moi avec ses mots sans contenu et ses riches souvenirs de choses qui ont disparu et qui ne reviendront jamais. C’est ce vide et cette solitude que la pensée isolante cultive et nourrit par les connaissances qu’elle a élaborées.
C’est cette tristesse des vains efforts qui détruit l’homme.
J. Krishnamurti
La révolution du silence
Europe, Chapitre 11 (p. 177)