Les problèmes du monde sont si colossaux, si complexes, que pour les comprendre - donc les résoudre - on doit les aborder d’une manière très simple et directe ; cette simplicité est celle d’un jugement qui ne dépend ni d’influences extérieures, ni de nos préjugés ou de notre humeur. Ainsi que je l’ai déjà dit, la solution ne doit pas être cherchée auprès de conférenciers, ni dans les théories, ni en mettant de nouveaux chefs à la place des anciens.
La solution est dans le responsable du problème, dans le responsable de la catastrophe, de la haine, de l’énorme incompréhension qui existe entre les hommes.
Ce responsable est l’individu, vous et moi, et non le monde tel que nous nous le représentons. Le monde est l’état de nos relations mutuelles, et non quelque chose en dehors de vous et moi. La société est faite des relations que nous établissons, ou que nous cherchons à établir entre nous.
Ainsi, le problème n’est autre que vous et moi et non le monde, car le monde est la projection de nous-mêmes et pour le comprendre c’est nous que nous devons comprendre. Il n’est pas séparé de nous ; nous sommes lui et nos problèmes sont les siens. Cette vérité ne sera jamais assez répétée, car nous sommes si apathiques qu’il nous plaît de penser que les problèmes du monde ne sont pas notre affaire, qu’ils doivent être résolus par les Nations Unies ou par un changement de dirigeants. Cette mentalité est bien obtuse car c’est nous-mêmes qui sommes responsables de cette effroyable misère, de cette confusion générale, de cette guerre sans cesse menaçante. Pour transformer le monde nous devons commencer par nous- mêmes ; et dès lors ce qui importe, c’est l’intention : notre intention doit être de nous comprendre vraiment et non de laisser à d’autres le soin de se transformer ou de provoquer une modification extérieure par une révolution de la droite ou de la gauche.
La première et dernière liberté. Pages 49 et 50.
Chapître 4, De la connaissance de soi. Editions Stock et le livre de poche. 1994