Comment pouvons-nous parvenir jusqu’au bout de la pensée ? Ou, plutôt, comment la pensée, laquelle est isolée, fragmentée et partielle, peut-elle parvenir à une fin ? Comment nous y prendrons-nous ? Vos soi-disant disciplines la détruiront-elles ? Manifestement, vous n’y êtes pas parvenus, au cours de toutes ces années, autrement vous ne seriez pas ici. Je vous prie d’examiner le processus de la discipline, lequel n’est qu’un processus de pensée où la sujétion, la répression, le contrôle, la domination affectent l’inconscient et le cristallisent plus tard, avec l’âge.
Ayant essayé si longtemps sans résultat, vous devez avoir découvert que la discipline n’est pas un moyen de détruire le moi. Le moi ne peut pas être détruit par la discipline, parce que celle-ci est un processus de pensée qui tend à le renforcer. Et pourtant toutes vos religions la recommandent, toutes vos méditations, vos assertions sont basées sur cela.
Les connaissances détruiront-elles le moi ? Les croyances détruiront-elles le moi ? En d’autres termes : est-ce que rien de ce que nous sommes en train de faire, est-ce qu’aucune des activités dans lesquelles nous sommes engagés en vue de parvenir à la racine du moi peuvent réussir ? Ne sommes-nous pas en train de gâcher notre énergie dans un processus de pensée qui n’est qu’un processus de réactions, tendant à nous isoler ?
La première et dernière liberté. Page 131. Chapître : Sur la fonction de l’esprit. Editions Stock. 1994.