Vous dites que pour que la vérité se produise il faut agir sans idée. Est-il possible d’agir<>sans idée, c’est-à-dire sans motif ?
Agir veut dire faire, bouger. Mais lorsque vous avez une idée, il n’y a qu’un processus en action, celui de la pensée qui gravite autour de l’idée. Et s’il n’y a aucune idée, qu’arrive-t-il ? Vous êtes ce que vous êtes. Vous êtes cruel, égoïste, sans charité, stupide, irréfléchi. Pouvez-vous demeurer avec cela ? Si vous le pouvez, voyez ce qui se produit. Lorsque je me reconnais cruel, etc...lorsque je suis conscient de cela en tant que fait, qu’arrive-t-il ? N’y a-t-il pas de la charité, n’y a-t-il pas de l’intelligence ? Lorsque je reconnais complètement le manque de charité, non pas verbalement, artificiellement, mais lorsque je suis pleinement conscient de mon manque de charité et d’amour, n’y a-t-il pas déjà, dans cette perception même, de l’amour ? Est-ce que je ne deviens pas tout de suite charitable ? Si je vois la nécessité d’être propre, c’est bien simple, je me lave. Mais si j’ai comme idéal que je « devrais » être propre, qu’arrive-t-il ? Il arrive que le nettoyage est remis à plus tard ou pratiqué superficiellement. L’action basée sur une idée est très superficielle ; ce n’est pas de l’action du tout mais de l’idéation. C’est le processus de la pensée qui continue.
La première et dernière liberté. Sur l’action sans idéation. Stock - p.250