Il n’y a pas d’entité distincte du désir : il n’y a que le désir, il n’y a pas de sujet qui désire.
Le désir prend des masques différents à différentes époques, selon ses intérêts. Le souvenir de ces intérêts changeants affronte l’inédit, ce qui provoque le conflit, et c’est ainsi que naît celui qui choisit, qui se fonde en entité séparée et distincte du désir.
Mais l’entité n’est pas différente de ses qualités. L’entité qui essaye de combler ou de fuir le vide, l’incomplétude, la solitude, n’est pas différente de ce à quoi elle cherche à échapper : elle est ce vide, cette incomplétude, cette solitude. Elle ne peut pas se fuir elle-même ; tout ce qu’elle peut faire, c’est se comprendre elle-même. Elle est sa solitude, sa vacuité, et tant qu’elle les considère comme étant séparées d’elle-même, elle sera dans l’illusion et les conflits sans fin. Lorsque cette entité fera l’expérience directe du fait qu’elle et sa solitude ne font qu’un, alors seulement pourra disparaître la peur.
La peur n’existe que par rapport à une idée, et l’idée est la réponse de la mémoire en tant que pensée. La pensée est le résultat de l’expérience ; et bien qu’elle puisse méditer sur le vide, avoir des sensations à son propos, elle ne peut avoir la connaissance directe de ce vide. Le mot « solitude », lourd de ses souvenirs de souffrance et de peur, empêche qu’on ait de la solitude une expérience fraîche et neuve. Le mot est souvenir, et lorsque le mot n’a plus d’importance, la relation entre le sujet et l’objet de l’expérience est radicalement différente ; alors cette relation est directe et ne passe plus par le mot, par le souvenir ; alors celui qui fait l’expérience est l’expérience, qui seule libère de la peur.
J. Krishnamurti, Le livre de la méditation et de la vie
« Le silence et l ’amour sont indissociables. Pour comprendre, soyez silencieux. »Krishnamurti