Vous ne pouvez pas être totalement conscient si vous êtes en train de faire un choix. Si vous dites : « Ceci est bon et cela est mauvais », le bon et le mauvais dépendent de votre conditionnement. Ce qui est bon pour vous peut être mauvais en Extrême-Orient. Vous croyez à un sauveur, au Christ, mais pas eux, et vous pensez qu’ils vont aller en enfer à moins qu’ils ne croient comme vous. Vous avez les moyens de bâtir des cathédrales merveilleuses, alors qu’eux peuvent adorer une image en pierre, un arbre, un oiseau, ou un rocher, et vous dites : « Comme c’est idiot, comme c’est païen ! ».
Être conscient c’est être conscient de tout ceci, sans choix ; c’est être totalement conscient de toutes vos réactions conscientes et inconscientes. Et vous ne pouvez pas être totalement conscient si vous condamnez, si vous justifiez, ou si vous dites : « Je vais garder mes croyances, mes expériences, mon savoir. » Alors vous êtes conscient seulement de manière partielle, et la conscience partielle est une véritable cécité.
Voir ou comprendre n’est pas une question de temps, ce n’est pas une question de graduations. Ou vous voyez ou vous ne voyez pas. Et vous ne pouvez pas voir si vous n’êtes pas profondément conscient de vos propres réactions, de votre propre conditionnement. Étant conscient de votre conditionnement, vous devez le regarder sans choix ; il vous faut voir le fait et non donner une opinion ou un jugement sur le fait. En d’autres termes, il vous faut regarder le fait sans la pensée. Alors, il y a une conscience, un état d’attention sans un centre, sans frontières, où le connu n’interfère pas.
Œuvres collectées, Vol. XIII - 188