"Pouvons-nous faire abstraction de toute idée, de tout concept, de toute théorie, et découvrir par nous-mêmes s’il existe un objet de l’ordre du sacré, (...) une réalité vraie, à jamais indestructible, une vérité qui demeure ? (...)
Pour savoir s’il existe quelque chose qui ne soit pas une projection de la pensée, une illusion ou un mythe, il faut se demander s’il est possible de contrôler la pensée, de la suspendre, de la supprimer, de sorte que l’esprit soit parfaitement tranquille. Mais tout contrôle suppose un « contrôleur » et un objet contrôlé, n’est-ce pas ? Qui est ce contrôleur ? N’est-il pas lui aussi né de la pensée, dont l’un des fragments s’est arrogé l’autorité, à titre de contrôleur ?
Si vous voyez la vérité de ce fait, alors contrôleur et contrôlé ne font plus qu’un, le sujet et l’objet de l’expérience se confondent, le penseur est la pensée. Ce ne sont pas deux entités distinctes. Si vous comprenez cela, tout contrôle devient alors superflu.
S’il n’y a plus de contrôleur, celui-ci étant confondu avec l’objet contrôlé, que se passe-t-il ? Lorsqu’il y a division entre l’agent et l’objet du contrôle, cela suscite un conflit et un gaspillage d’énergie. Mais lorsque le contrôleur et le contrôle se confondent, il y a accumulation de l’énergie précédemment gâchée en vains refoulements, en vaines résistances...
(...)
Mais si votre attention implique votre être tout entier - votre corps, vos nerfs, vos yeux, vos oreilles et votre esprit - il n’existe plus alors de centre à partir duquel rayonne l’attention - il n’y a plus que l’attention pure. Et cette attention est silence absolu.
(J. Krishnamurti - « Cette Lumière en nous - la vraie méditation », traduit de l’anglais par Colette Joyeux, Editions Stock, 2000)