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La méditation n’est pas une évasion.



Ce n’est pas une activité qui vous isole et vous enferme en vous-même, c’est plutôt une compréhension du monde et de ses évolutions. Le monde a peu à offrir en dehors d’aliments, de vêtements, d’abris, et de plaisirs doublés de chagrins.
La méditation consiste à vaguer en dehors du monde. Il faut être totalement en dehors du monde, alors il a un sens, et la beauté des cieux et de la terre est toujours présente. Alors l’amour n’est pas plaisir, mais le départ d’une action qui ne provient ni d’une tension d’esprit, ni d’une contradiction, ni de la vanité du pouvoir.

La chambre surplombait le jardin, et dix ou douze mètres plus bas était le fleuve large, étendu, sacré pour certains, mais pour d’autres simplement une belle surface d’eau, ouverte aux cieux et à la splendeur du matin. On pouvait toujours apercevoir l’autre rive, avec son village, ses arbres étalés et le blé d’hiver récemment planté. De cette chambre, on voyait l’étoile du matin, et le soleil se lever doucement au-dessus des arbres ; et le fleuve devenait la route dorée du soleil.

De nuit la chambre était très sombre, la fenêtre grande ouverte montrait le ciel du Sud, et dans cette chambre, une nuit - avec un grand froissement d’ailes - un oiseau vint. Il fallut allumer et se lever : l’oiseau était sous le lit. C’était un hibou. Il avait à peu près cinquante centimètres de haut, d’immenses yeux ronds et un bec redoutable. Nous nous sommes, tout près l’un de l’autre, fixés du regard. Il était effrayé par la lumière et par la proximité d’un être humain. Nous nous sommes regardés un certain temps et il ne s’est jamais départi de la totalité de sa taille et de sa féroce dignité. On pouvait voir ses griffes cruelles, ses plumes légères et ses ailes serrées contre son corps. On aurait aimé le toucher, le caresser, mais il ne l’aurait pas permis. Alors on refit l’obscurité et pendant quelque temps, tout fut silencieux dans la chambre. Puis il y eut un bruissement d’ailes - on pouvait sentir sur le visage un déplacement d’air - et le hibou avait pris la fenêtre. Il n’est jamais revenu.

J. Krishnamurti
La révolution du silence
Inde, Chapitre 1 (p. 13-14)



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