Le connu est toujours détail, fragment, et de là nous essayons d’appréhender l’inconnu. Nous ne lâchons jamais le détail, car nous sommes certains de lui et croyons y trouver la sécurité. Mais en réalité, rien ne nous offre de certitude, sinon probablement les choses superficielles et mécaniques auxquelles il arrive aussi de faillir. Pour agir, nous pouvons plus ou moins compter sur des choses extérieures, comme les trains par exemple.
Psychologiquement, intérieurement, si ardent qu’en soit notre désir, il n’est point de certitude, point de permanence, pas plus dans notre relation avec autrui que dans nos croyances ou les dieux de notre cerveau. Le désir intense de certitude, d’une certaine permanence, et le fait que celle-ci n’existe absolument pas, telle est l’essence du conflit, l’illusion face à la réalité. Il est infiniment plus important de comprendre notre pouvoir de créer l’illusion que de comprendre la réalité. Ce pouvoir doit cesser complètement, mais non pas en vue d’obtenir la réalité ; on ne discute pas avec le fait. La réalité n’est pas récompense, le faux doit disparaître parce qu’il est faux et non dans le but de trouver la vérité.
J. Krishnamurti
Carnets
1er septembre 1961 à Gstaad (p.130-131)