Nous devons découvrir pourquoi l’homme - vous en tant qu’être humain, représentant tout le monde - a toléré le conflit, qu’il l’a supporté et qu’il s’y est habitué. Nous examinons ensemble, très sérieusement, s’il est possible d’être dégagé du conflit ; car le conflit, consciemment ou inconsciemment, engendre inévitablement une société qui est nous-même en plus vaste, une société en conflit.
La société n’est pas une abstraction, ce n’est pas une idée, c’est une relation entre l’homme et l’homme. Si cette relation est en conflit, douloureuse, déprimante et angoissante, alors nous créons une société qui nous représente. C’est un fait. L’idée de la société, l’idée, n’est pas la société réelle. La société est ce que nous sommes entre nous. Et nous nous demandons si ce conflit peut cesser ?
Qu’est-ce que le conflit ? Quand nous n’acceptons pas ce qui est réellement, quand nous fuyons dans ce qu’on appelle un idéal - le contraire de ce qui est - alors le conflit est inévitable. Quand on est incapable de regarder et d’observer ce que l’on fait et ce que l’on pense vraiment, on évite ce qui est et l’on projette un idéal, alors il y a conflit entre « ce qui est » et « ce qui devrait être ». Ce n’est pas pour mon plaisir que je vous parle, mais pour faire comprendre, si vous êtes sérieux, qu’il y a une façon de vivre sans aucun conflit
La flamme de l’attention. Pages 64 et 65 ;chapître IV, à Madras. Editions du Rocher. 1987