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Et là, en marchant sur la route, le cerveau était totalement vide et l’esprit était libre



Et là, en marchant sur la route, le cerveau était totalement vide et l’esprit était libre de toute expérience, de toute connaissance des jours écoulés, malgré leur multitude. Le temps issu de la pensée, s’était arrêté ; il n’y avait littéralement aucun mouvement, ni avant, ni après, ni départ, ni arrivée, ni mobilité. L’espace-distance n’était plus ; les collines, les buissons étaient là, mais ne se mesuraient plus en termes de haut et de bas. Aucune relation à quoique ce soit, mais une perception du pont, du passant. L’esprit dans sa totalité, englobant le cerveau, ses pensées, ses sentiments, était vide ; et de par ce vide, l’énergie de plus en plus profonde, s’élargissait sans mesure.

Car toute comparaison, toute mesure, proviennent de la pensée et donc du temps. L’« otherness [1] » était esprit sans le temps, souffle de l’innocence et de l’immensité. Les mots ne sont pas la réalité ; ils ne sont qu’un moyen de communication et non l’innocence, l’incommensurable. Le vide était seul.

J. Krishnamurti
Carnets
1er novembre 1961 à Rishi Valley (p.251-252)

[1N’ayant pas d’équivalent en français, ce mot n’a volontairement pas été traduit. Par approximation, on pourrait le traduire par “état autre”, mais cela paraît inadéquat pour suggérer ce que Krishnamurti semble avoir mis dans le mot “otherness”. (N.D.T.)



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