Il n’est pas possible de comprendre le problème à partir de l’expérience du passé. Chaque problème est nouveau. Il n’existe pas de vieux problème. Lorsque nous abordons un problème, qui est toujours nouveau, avec une idée qui est invariablement issue du passé, notre réaction vient, elle aussi, du passé, ce qui nous empêche de comprendre le problème.
La recherche d’une solution au problème ne fait que l’intensifier. La solution ne se situe jamais en dehors mais au sein même du problème. Nous devons envisager le problème dans une optique nouvelle et pas à travers l’écran du passé. L’insuffisance de la solution au défi posé crée le problème. C’est cette insuffisance qu’il faut comprendre, et non le défi. Nous avons très envie de voir ce qui est nouveau, mais nous ne le pouvons pas parce que l’image du passé nous en empêche. Nous réagissons au défi uniquement en notre qualité de catholiques, d’hindous ou de bouddhistes, ou en tant que tenants de la droite ou de la gauche, ce qui entraine invariablement d’autres conflits. L’important n’est donc pas de voir ce qui est nouveau, mais d’abolir le passé. Lorsque la réaction est adaptée au défi alors seulement il n’y a ni conflit, ni problème. Cela doit apparaitre dans notre vie de tous les jours - pas dans les journaux.
(Colombo, 22 janvier 1950, causerie radiophonique)