Ecoutez bien ceci. Nous avons tendance à penser que la vigilance est quelque chose de mystérieux qui doit faire l’objet d’une pratique et de débats exigeant de notre part des rassemblements quasi quotidiens. Mais ce n’est pas du tout ainsi qu’on devient vigilant. Si, en revanche, vous êtes attentif aux choses extérieures - la courbe de la route, la forme d’un arbre, la couleur des vêtements que porte le voisin, la silhouette des montagnes se découpant sur le bleu du ciel, la délicatesse d’une fleur, la douleur sur le visage d’un passant, l’ignorance, l’envie, la jalousie des autres, la beauté de la terre - , ayant ainsi perçu tous ces phénomènes extérieurs, sans condamnation et sans choix, vous pourrez alors, comme avec la marée, être porté par la vague de la vigilance intérieure. Alors vous prendrez conscience de vos propres réactions, de votre mesquinerie, de vos jalousies. A partir de la conscience extérieure, vous arrivez à la conscience intérieure. Mais si vous n’avez pas conscience de l’extérieur, vous ne pourrez en aucun cas accéder à l’intérieur.
A propos de Dieu. Page 220. Saanen, le 1er août 1965. Editions Stock