Nous aurons à découvrir la signification de la vie, ne lui accordant pas seulement une portée intellectuelle, mais en regardant ce que cela signifie que de vivre. Nous devrons aussi approfondir la question de savoir ce que c’est que l’amour, et ce que cela signifie de mourir. Ces choses doivent être examinées au niveau du conscient et dans les recoins les plus profonds, les plus cachés de l’esprit. Demandons-nous aussi ce que c’est que l’ordre, ce que cela signifie vraiment que de vivre, et si on est capable de mener une vie pleine d’un amour, d’une tendresse, d’une compassion, d’une affection entière et totale. Il faut aussi découvrir par soi-même le sens de cette chose extraordinaire que nous nommons la mort.
Ces choses ne sont pas des fragments, elles sont un mouvement total, la totalité de la vie. Nous ne pourrons jamais comprendre si nous divisons la question en vivre, aimer et mourir - il s’agit d’un seul et unique mouvement. Pour comprendre ce processus de totalité, il faut qu’il y ait énergie, non seulement une énergie intellectuelle mais une énergie résultant d’un sentiment intense, ce qui implique une passion sans mobile et qui, de ce fait, brûle constamment en vous. Nos esprits étant morcelés, nous devrons approfondir cette question du conscient et de l’inconscient, parce que c’est là que toute division - le « moi » et le « non moi », le « vous » et le « moi », le « nous » et le « eux » - commence. Tant qu’existera ce cloisonnement - les nations, les familles, les religions avec leurs influences possessives isolées il y aura inévitablement des divisions dans la vie.
Il y aura la vie quotidienne, son ennui, sa routine et puis ce que nous appelons l’amour, amour contaminé par la jalousie, la possessivité, la dépendance, la domination, il y aura la peur et l’inévitable mort.
J. Krishnamurti
Le vol de l’aigle
La vie : totalité, chapitre 6, Amsterdam, 11 mai 1969 (p. 116-117)