Vous voyez une belle voiture, vous touchez sa surface polie, vous voyez son architecture et sa ligne. De là naît une sensation. Puis la pensée surgit et dit : ‘que ce serait bien de l’avoir, que ce serait bien si je pouvais monter dedans et la conduire’.
Alors, que s’est-il passé ? La pensée est intervenue, elle a donné tournure à la sensation. La pensée a donné à la sensation l’image de vous, assis dans la voiture et la conduisant. À ce moment, à cette seconde précise où la pensée crée l’image de vous dans la voiture, le désir est né. Le désir naît quand la pensée donne une forme, une image à la sensation.
En réalité, la sensation est le mode de l’existence, elle fait partie de l’existence. Mais vous avez appris à réprimer, à surmonter, ou à vivre avec le désir et tous ses problèmes.
Maintenant, si vous comprenez – pas intellectuellement mais comme un fait – que, à l’instant où la pensée donne forme à la sensation, le désir est né, alors la question se pose : est-il possible de voir, de toucher cette voiture – ce qui est la sensation – sans laisser la pensée créer une image ? Garder un intervalle.
Krishnamurti, That Benediction is Where You Are