Si vous tournez la tête d’un horizon à l’autre vos yeux aperçoivent un vaste espace où apparaissent tous les objets de la terre et du ciel. Mais cet espace est toujours limité là où la terre se rencontre avec le ciel. L’espace du mental est si petit. Il semble que toutes nos activités se passent dans cet espace restreint : la vie quotidienne et les luttes cachées entre les désirs et les mobiles contradictoires. C’est dans ce petit espace que l’esprit recherche la liberté, il est ainsi toujours prisonnier de lui-même.
Méditer, c’est mettre fin à ce petit espace. Pour nous, toute activité consiste à y mettre de l’ordre. Mais il existe une autre activité qui n’y met aucun ordre. La méditation, c’est l’action qui surgit quand l’esprit a perdu ce petit espace. Le vaste espace que le je, le mental ne peuvent atteindre est le silence. Jamais l’esprit ne peut être silencieux en lui-même ; il n’est silencieux que dans ce vaste espace que la pensée ne peut pas atteindre. Dans ce silence surgit une action qui n’est pas celle de la pensée. La méditation est ce silence.
Au seuil du silence - Onze méditations - 1969