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La pensée peut-elle percevoir son propre mouvement ?



La pensée peut-elle percevoir son propre mouvement ? Est-elle capable de se voir elle-même et de voir, tant dans le domaine intérieur qu’extérieur ? Il n’y a en fait ni dehors ni dedans ; l’extérieur est créé par l’intérieur, qui à son tour remodèle l’extérieur. Ce flux et ce reflux de l’action et de la réaction est le mouvement de la pensée qui essaie sans relâche de dominer l’extérieur et, y réussissant, provoque bien des problèmes. En apportant à ceux-ci une solution, elle en fait naître de nouveaux. La pensée a aussi modelé la vie psychologique selon les exigences du dehors.

Ce processus apparemment sans fin a créé cette société cruelle, laide, immorale et violente. Et, l’ayant créée, la vie intérieure en devient l’esclave. L’extérieur modèle l’intérieur, lequel à son tour agit sur lui. Et ce processus se perpétue de millénaire en millénaire, la pensée n’évaluant toujours pas sa propre activité. On se demande alors si celle-ci pourra jamais être consciente d’elle-même, consciente de son action ? Il n’y a pas de penseur en dehors de la pensée ; c’est la pensée qui a produit le penseur, celui qui analyse, expérimente. Le penseur, celui qui observe et agit, représente le passé que constituent tout l’héritage biologique et génétique de l’homme, les traditions, les habitudes et l’ensemble du savoir accumulé.

Après tout, le passé est savoir et le penseur en est inséparable. La pensée a créé le passé, la pensée est le passé ; elle a ensuite séparé le penseur de la pensée que celui-ci prétend contrôler. Mais c’est là une notion fallacieuse ; il n’existe que la pensée. Le soi est le moi, le passé. L’imagination peut projeter l’avenir, mais elle demeure l’activité de la pensée.

J. Krishnamurti
Dernier Journal
Samedi 23 avril 1983 (p.102-103)



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