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Sur le thème : « Qu’est-ce que dialoguer ensemble ? »



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Dialoguer ensemble
nécessite une communication effective, véritable.

« Je ne sais pas si vous avez déjà examiné la manière dont vous écoutez – que ce soit un oiseau ou le vent dans les feuilles, le bruit de l’eau vive, peu importe – ou l’attention que vous portez à quelque dialogue intérieur, ou à une conversation tenue au sein de diverses relations avec vos amis intimes, votre femme ou votre mari.

Si nous nous efforçons d’écouter, cela nous paraît extrêmement difficile, car nous ne cessons de projeter nos opinions et nos idées, nos préjugés, notre acquis, nos inclinations, nos pulsions ; lorsque tout cela domine, c’est à peine si nous écoutons ce qui est dit. Cet état-là est sans valeur aucune. On n’écoute – et donc on n’apprend – que si l’on est dans un état d’attention, un état de silence dans lequel tous ces échos antérieurs sont tenus en respect et se taisent. »

Talks and Dialogues in Saanen 1967, 1ère causerie publique, le 9 juillet 1967


Est-il possible de dialoguer ensemble dans un tel état d’attention, d’écoute et d’observation ? De suspendre pour un temps nos opinions et réactions habituelles ?

« Si vous écoutez à travers le filtre de votre passé ou de l’image que vous vous êtes peut-être forgée de l’orateur, en attribuant à celui-ci une certaine autorité – justifiée ou non –, alors il va de soi que vous n’écoutez pas vraiment.

Ce que vous écoutez, ce sont vos propres projections, qui font précisément obstacle à votre écoute. Là encore, la communication est impossible. De toute évidence, la communication réelle ne peut avoir lieu que lorsque le silence se fait.

Quand deux personnes ont la ferme intention de comprendre quelque chose, qu’elles y impliquent sérieusement tout leur esprit et tout leur cœur, leurs nerfs, leurs yeux, leurs oreilles, il entre alors dans cette attention une certaine qualité de silence, et une communication effective, véritable, s’instaure.

Non seulement on apprend, mais une compréhension parfaite se met en place – et cette compréhension s’apparente à l’action immédiate. En d’autres termes, quand on écoute sans aucune intention préalable, sans aucune barrière, en faisant abstraction de toute opinion, de toute conclusion, de toute expérience, alors, dans cet état, non seulement on comprend que ce qui est dit est vrai ou faux, mais si c’est vrai, il y a alors action immédiate, et si c’est faux, aucune action n’intervient. »

Talks and Dialogues in Saanen 1967, 1ère causerie publique, le 9 juillet 1967


Est-il possible de s’impliquer sérieusement de tout notre esprit, de tout notre cœur, nos nerfs, nos yeux, nos oreilles ? D’écouter sans aucune intention préalable, sans aucune barrière, en faisant abstraction de toute opinion, de toute conclusion, de toute expérience ?

Lorsque l’esprit, le cerveau, se sera affranchi de la peur, vous découvrirez la vérité.

« L’attention s’accompagne d’une complète immobilité, car elle ne comporte pas d’exclusion. Quand le cerveau parvient à être complètement silencieux, non pas endormi, mais actif, sensible, vivant, dans cet état d’immobilité, attentive, la peur n’existe pas. Alors il y a une qualité de mouvement qui n’appartient aucunement à la pensée, ni à la sensation, à l’émotion ou au sentiment. Ce n’est ni une vision, ni une hallucination. C’est un genre de mouvement différent qui conduit à ce qui ne peut être nommé, à l’incommensurable, à la vérité.

Mais, hélas, vous n’écoutez pas réellement, vous ne faites pas l’expérience totale de ce qui est dit, parce que vous ne l’avez pas pénétré, parce que vous n’avez pas poussé votre enquête jusque là. Par conséquent, dans peu de temps, la peur vous assaillira de nouveau et vous submergera. Il vous faut pénétrer la peur et, à mesure que vous la pénétrerez, elle se dissoudra. Et lorsque vous aurez ainsi établi les fondements de la réalité, vous ne rechercherez jamais plus, parce que toute recherche de la réalité est fondée sur la peur. Lorsque l’esprit, le cerveau, se sera affranchi de la peur, vous découvrirez la vérité. »

Briller de sa propre lumière, p. 74.


« La peur abstraite, cela n’existe pas ; il y a la peur du connu ou de l’inconnu, la peur de ce que l’on a fait ou de ce que l’on pourrait faire ; la peur du passé ou de l’avenir. La relation entre ce que l’on est et ce que l’on voudrait être provoque la peur. La peur surgit lorsque l’on interprète le fait d’être ce que l’on est en termes de récompense et de châtiment. La peur vient avec la responsabilité et le désir d’en être délivré. Il y a de la peur dans le contraste entre la douleur et le plaisir.

La peur existe dans le conflit des contraires. Le culte du succès engendre la crainte de l’échec. La peur est le processus de l’esprit qui fait l’effort pour devenir. En devenant bon, on a peur du mal ; en devenant parfait, on a peur de la solitude ; en devenant grand on a peur des petites choses. La comparaison n’est pas la compréhension ; c’est la peur de l’inconnu dans sa relation au connu qui l’inspire. La peur est l’insécurité en quête de sécurité. »

J. Krishnamurti Commentaires sur la vie Tome 1, Chapitre 58 La peur


Dialogue et connaissance de soi...

Le dialogue que nous proposons dans ces rencontres est « un genre d’exploration collective, non seulement du contenu de ce que chacun de nous dit, pense et ressent, mais aussi des motivations, des présuppositions et des croyances sous-jacentes. »

Bohm, Factor, Garrett, Le Dialogue – Une proposition


« si le mécanisme de la pensée est ralenti, l’esprit peut la comprendre. (…) Il en est de même lorsque l’esprit se meut lentement parce qu’il désire comprendre chaque pensée dès qu’elle surgit : à ce moment-là, on se libère du mouvement de la pensée ainsi que des pensées que l’on a contrôlées ou disciplinées. (…)

Mais si chaque pensée est observée, ressentie pleinement, explorée et comprise totalement, vous vous apercevrez alors que la mémoire commence à disparaître. Nous parlons de la mémoire psychologique et non de celle des événements. »

J. Krishnamurti, De la liberté, p.16


« Le commencement de la méditation est la connaissance de soi, ce qui veut dire être conscient de chaque mouvement de la pensée et de l’émotion, connaître toutes les couches de ma conscience - non seulement les couches superficielles, mais les activités cachées, secrètes, profondes. Mais pour connaître les activités profondément cachées, les mobiles secrets, les réponses, les pensées et les sentiments, il faut qu’il y ait de la tranquillité dans l’esprit conscient ; c’est-à-dire que l’esprit conscient doit être immobile afin de recevoir les projections de l’inconscient. L’esprit superficiel, conscient, est absorbé par ses activités quotidiennes : gagner de l’argent, tromper les gens, exploiter, s’évader des problèmes - toutes les activités quotidiennes de notre existence. Cet esprit superficiel doit comprendre la vraie signification de ses activités et, ce faisant, introduire une tranquillité en lui-même. »

J. Krishnamurti, « De la connaissance de soi », Editions Le Courrier du Livre.





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