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Qu’appelons-nous solitude ? Le sentiment d’être vide, de ne rien posséder, d’être extraordinairement incertain, sans racine nulle part



— Je commence à me rendre compte que je suis dans un état d’extrême solitude. Que dois-je faire ?

— Vous voulez savoir pourquoi vous éprouvez un sentiment de solitude. Savons-nous ce que veut dire la solitude et en sommes-nous conscients ?
J’en doute fort, car nous sommes plongés dans des activités, dans des livres, dans des fréquentations, dans des idées qui nous empêchent de nous rendre compte de notre solitude.

Qu’appelons-nous solitude ? Le sentiment d’être vide, de ne rien posséder, d’être extraordinairement incertain, sans racine nulle part.
Ce n’est pas du désespoir, ni une désespérance, mais une vacuité et un sens de frustration. Je suis sûr que nous l’avons tous ressenti, ceux d’entre nous qui sont heureux, comme ceux qui sont malheureux, les très, très actifs comme ceux qui s’adonnent à l’étude. Nous connaissons tous cela.

C’est le sens d’une douleur inépuisable, d’une douleur que l’on ne peut pas étouffer, quelque effort que l’on fasse dans ce sens.
Abordons ce problème en cherchant à voir ce qui se produit réellement, comment nous nous comportons au juste lorsque nous éprouvons ce sentiment de solitude. Nous essayons de le fuir. Vous poursuivez votre lecture interrompue, vous allez consulter un sage, vous allez au cinéma, vous devenez très, très actif socialement, vous allez prier, vous vous mettez à peindre, ou bien à écrire un poème sur la solitude. C’est cela qui se produit en fait.

Prenant conscience de votre solitude, de la douleur qu’elle comporte, de la peur insondable qui l’accompagne, vous cherchez une évasion, et c’est une évasion qui devient importante ; par conséquent vos activités, vos connaissances, vos dieux, vos radios deviennent importants aussi.

Lorsque vous accordez de l’importance à des valeurs secondaires, elles mènent au chaos, car les valeurs secondaires sont inévitablement sensorielles. Et la civilisation moderne basée sur elles vous offre les évasions que vous cherchez par le truchement de votre emploi, de votre famille, de votre nom, de vos études, de vos expressions artistiques, etc. Toute notre culture est basée sur ces évasions. Notre civilisation est fondée dessus, c’est un fait.

Avez-vous jamais essayé d’être seul ?

La première et dernière liberté. Pages 183 et 184 ; chapître : Sur la solitude. Editions Le livre de poche. 1994.



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